
Le Nord-Ouest Argentin, appelé également NOA, est une région que vous devez absolument connaître et qui regorge de surprises et de paysages hors du commun pour un Européen. Salta en est la capitale, ou plutôt la porte d’entrée d’une région extraordinaire et une des plus belles d’Argentine. Lors d’un voyage en Argentine, en général les voyageurs sont attirés par le Sud, la Patagonie et ses grands espaces. Une terre qui est à la hauteur de sa réputation et qui attire forcément les aventuriers du monde entier.
Ainsi, le Nord-Ouest de l’Argentine est souvent mis de côté pour un éventuel prochain voyage, voire même délaissé… Pourtant elle n’a pas de quoi rougir, bien au contraire ! En effet, cette région est très différente du reste du pays, alors elle permet de découvrir une autre facette de l’Argentine, encore plus authentique. Vers l’Est, ce sont des paysages aux climats tropicaux qui vous attendent, une région connue avec le doux nom de « Yungas ». Cette zone est complètement délaissée par les touristes, donc pourquoi ne pas s’y aventurer ? Tout un programme !
Il est impossible de ne pas être attrapé par Salta « la linda » et ses alentours. Ses montagnes verdoyantes, son climat attirant, ses spécialités culinaires que l’on ne trouve pas ailleurs dans le pays. Depuis Salta vous aurez le choix d’aller vers le Sud ou vers le Nord, qui sont les parcours plus « classiques ». Vous pourrez également vous aventurer vers l’Ouest, sur la Puna, l’Altiplano Argentin, un voyage exceptionnel où l’Homme semble étranger.
C’est de Salta que part le fameux train des nuages, un incontournable de la région. Il vous mènera jusqu’au viaduc de la Polvorilla qui est à plus de 4 000 mètres d’altitude. Ce viaduc ressemble étrangement au viaduc du haut duquel Tintin saute dans « Le Temple du Soleil ». Sur son trajet, la voie ferrée traverse un total de 31 ponts, 21 tunnels, 13 viaducs, 2 tire-bouchons et 2 zigzags, et offre aux voyageurs un spectacle d’une incroyable beauté.
Vous l’aurez compris, il faudrait plusieurs semaines pour découvrir toute cette région qui est très vaste et variée. Sans oublier que le Chili et la Bolivie ne sont pas très loin. Le Nord-Ouest Argentin est en fait un trait d’union entre l’Argentine, le Nord du Chili et la Bolivie, terres andines par excellence. C’est un voyage d’exception qui vous attend aux multiples surprises… Je vais vous guider virtuellement en vous parlant de quelques pépites !
Mais par où commencer ?? vers le Sud et ces vignobles ? vers le Nord en traversant la fameuse Quebrada de Humahuaca ? vers l’Ouest et prendre de la hauteur sur l’Altiplano ? ou alors vers le Nord-Est pour un climat subtropical ?
Vers le Sud
Voici une boucle aux paysages surprenants : La boucle Salta – Cafayate – Cachi, à réaliser dans un sens ou dans l’autre, mais attention, n’allez pas trop vite car il y a plein de belles surprises à découvrir ! En direction de Cafayate, vous passerez par la fameuse Quebrada de las Canchas, ici on y trouva de nombreux coquillages pétrifiés par le temps. Quel spectacle ! La mer, autrefois présente, a travaillé la roche il y a des millions d’années, laissant des formes surprenantes. Vous pourrez découvrir les sites naturels comme « la garganta del diablo », « el anfiteatro », « el sapo », « tres cruces », « el obelisco », « los castillos » et « los médanos », où vous pourrez observer l’étonnant travail de l’érosion.
Les deux sites enchanteurs sont « La Garganta del Diablo » (il faut vraiment essayer d’aller tout au fond du canyon à pied) et « El Anfiteatro ». Le mieux est de visiter ces sites tôt ou tard dans la journée pour éviter les touristes, car être seul dans ces deux lieux est exceptionnel. Vous arriverez ensuite à Cafayate, charmante petite ville Argentine, entourée de vallées verdoyantes, où se trouvent de nombreux vignobles de réputations mondiales grâce notamment au cépage « Torrontes », propre de la région.

Vous pourrez pousser encore plus au Sud, jusqu’aux ruines de Quilmes (50 km au sud de Cafayate), qui sont les plus belles ruines de la civilisation Quilmes d’Argentine. Le site est de toute beauté et se trouve au sud des « Valles Calchaquíes ». Le cadre est vraiment somptueux et assez vertigineux avec des vues à l’infini. Pour les plus courageux je vous recommande de monter tout en haut des postes de défenses Nord ou Sud, et de traverser le site en haut pour redescendre de l’autre côté. Les vues sont exceptionnelles et vous comprendrez alors facilement pourquoi les Quilmes ont pu résister près de 130 ans aux assauts des Espagnols…
La route donne envie de poursuivre vers le Sud, de s’enfoncer dans la province de Tucuman et de relier Tafi del valle, un vrai paradis pour les amoureux des chevaux et de grands espaces. La boucle se poursuit en direction de Cachi. Changement de décor radical où les verdoyants vignobles de Cafayate laissent place aux routes sinueuses de la vallée de Calchaquies. 140 km de piste nous attendent pour rejoindre le paisible village de Cachi. Après une cinquantaine de kilomètres sur lesquels nous croisons quelques villages isolés, le chemin se rétrécit avant l’arrivée aux gorges de « Las Flechas », impressionnantes plaques rocheuses qui pointent leurs écailles abruptes à la verticale.
La route ondule à travers la roche immaculée et se poursuit vers les adorables bourgades d’Angastaco et de Molinos (petit village colonial datant de 1659, pourvu d’une majestueuse église), puis les grandes étendues de cactus qui nous conduisent au village colonial de Cachi, en passant par Ceclentas, où se trouvent des artisans spécialisés dans le tissage, et quelques coins cachés comme les grottes de Acsibi.
Cachi est un paisible village indien aux maisons basses blanchies à la chaux, où trône l’église San José datant du XVIIIe siècle, avec son toit sculpté en bois de cactus. Passé Cachi et ses bâtisses blanches, La route passe par des paysages spectaculaires : le col de la « Piedra del Molino » à 3 600 m, la « Quebrada de Escoipe », grande gorge encaissée où les forêts verdoyantes contrastent avec la couleur ocre de la terre, les montagnes pelées de la « Cuesta del Obispo », puis le Parc régional de « Los Cardones », terres arides hérissées de cactus candélabre…

Sur la route, passage par la fameuse « Recta del Tin Tin », une route rectiligne de 11 km construite par les Incas. Au bout de cette ligne droite, la route gagne de l’altitude et vous attend LE point de vue pour prendre LA photo de la région, spectaculaire ! Enfin, Passage par Chicoana, une petite ville charmante où de nombreuses surprises vous attendent également, si vous êtes accompagnés d’un bon guide.
Vers le Nord
Au nord, c’est la province de Jujuy qui vous tend les bras. Je suis toujours aussi émerveillé à chaque fois que j’y voyage. Cette petite province coincée entre la Bolivie et le Nord du Chili est absolument vertigineuse. La Quebrada de Humahuaca est un point de passage obligé et vous serez envahi par le charme de tous ces villages qui la composent, par la couleur des roches et des montagnes, par la quantité de cactus et de leur taille !

Purmamarca et la montagne aux sept couleurs, est l’un des villages les plus célèbres et, pour ma part, le plus agréable de tous. Tilcara, Humahuaca, Maimara, Huacalera sont les principaux villages de cette brèche classée au patrimoine de l’Unesco.
Le site majeur de cette région, qu’il ne faut absolument pas manquer, est le Cerro de Hornocal aux 14 couleurs, une chaîne de montagnes située à 25 km de la ville de Humahuaca. C’est certainement le plus bel endroit de toute la région. Quand le soleil est bas, les couleurs sont époustouflantes. La piste pour y accéder est assez incroyable, pour atteindre les 4 340 m d’altitude !! (Attention en descendant du véhicule, de marcher lentement…).
Si vous avez le temps, mais surtout si votre aptitude physique le permet, je vous recommande de visiter le site de Pucará de Tilcara, une forteresse construite par les indiens Omaguacas, de la tribu des Tilcaras. Pour les plus aventureux, vous pouvez également rouler sur les 8 km de piste de montagne pour rejoindre la « gorge du diable », durant lesquels vous aurez des vues spectaculaires sur la Quebrada.

Également, sur le chemin pour Humahuaca, 10 km plus tôt aux abords de la localité d’Uquía, il faut absolument vous aventurer dans la « Quebrada de las Señoritas », où les paysages sont vraiment d’une incroyable beauté, et je pense que c’est l’une des plus belles Quebradas de toute la région. Je vous recommande de quitter Jujuy pour le village d’Iruya (province de Salta), en faisant très attention aux niveaux des eaux pour ne pas resté bloqué, et pourquoi pas rejoindre les yungas, forêts tropicales via une piste passant de 4 500 m à 1 200 m d’altitude !!!? tout un programme…
Plus au Nord encore, où les touristes se font plus rare, il est possible d’aller jusqu’à la frontière Bolivienne, en passant par Abra Pampa, la lagune de Los Pozuelos, le petit village de Yavi avec son église qui est l’une des plus anciennes et mieux conservées de toute l’Argentine. Pour les plus aventureux, en suivant la route 40, le village de Cusi Cusi et sa Vallée de la Lune, une vrai destination hors des sentiers battus (prévoir deux roues de secours…).
Vers l’Altiplano Argentin
Coincé entre l’Argentine et le Chili, se trouve un haut plateau dont les accès sont vertigineux, via des routes de montagne où très peu de gens s’aventurent. Les villages sont rares et il est vrai que les conditions climatiques extrêmes ont limité l’installation des Hommes, et c’est tant mieux. Aller sur l’Altiplano, c’est voyager vers l’essence de la Terre, vers le traditionnel, vers la pureté, vers les grands espaces proches des étoiles.
Sur la Puna Argentine se trouvent divers déserts de sel. Le plus facile d’accès étant celui de Salinas Grandes, une immense étendue de sel coupée en deux par la piste, tout un spectacle. Mais il y a également le « Salar de Antofalla » ainsi que celui résonnant avec le doux nom de « L’homme mort ». Si vous avez le courage de vous y aventurer… Il y a des routes spectaculaires qui traversent l’Altiplano Argentin, avec des passages frisant les 5 000 m d’altitude, la route entre Cachi et San Antoño de los Cobres par exemple, également la route entre San Antoño de los Cobres et Susque vers le Nord, ou vers Tolar Grande à l’Ouest. San Antoño de los Cobres est un passage obligé pour s’aventurer sur la Puna, ville minière sans trop de charme, si ce n’est celui d’être en altitude et loin de tout…

Nous y trouverons un petit pueblo, Tolar Grande, connu surtout par les mineurs, entouré de superbes paysages là aussi, qui doivent être similaires à ce que l’on peut voir sur Mars. Vous traverserez un tunnel creusé dans la montagne qui date du temps de l’exploitation des mines de ce côté de la cordillère. Aujourd’hui les compagnies minières préfèrent le versant chilien, car beaucoup plus proche de l’océan (Pacifique) et donc de leurs clients.
La première curiosité naturelle que vous verrez est « Ojos del Mar », une formation géologique curieuse formée dans le Salar d’Arizaro (les yeux de la mer), une dépression remplie d’une eau cristalline et turquoise. Vous irez ensuite à la découverte du fameux Cône d’Arita. Petit cône noir parfait posé au milieu de l’immensité blanche du Salar d’Arizaro, le plus vaste d’Argentine. Il ressemble à un phare pour naufragés des déserts de sel. Il est d’ailleurs possible d’aller à son sommet (250 m de dénivelé) pour profiter d’une vue panoramique sur cet incroyable décors.
Vous croiserez beaucoup de vigognes, un animal qui ne vit qu’en altitude. Tous ces paysages sont entourés de nombreux volcans qui frisent tous les 7 000 m d’altitude. L’un d’entre-eux est le volcan Llullaillaco, rendu célèbre après l’expédition de 1999 qui a permis la découverte des momies de trois enfants de l’époque des Incas, qui avaient été sacrifiés, les enfants de Llullaillaco…
J’aurai pu continuer à écrire sur d’autres endroits méconnus de cette région. Chaque village, chaque vallée, chaque montagne est une excuse pour s’aventurer et revenir avec de belles images. J’aurai pu vous parler aussi de Iruya par exemple, un village perché au milieu de nulle part, ou alors de Capsala, un autre village oublié. Aussi, je vous ai si peu parlé de la région des Yungas, où pour s’y rendre, existe des pistes peu parcourues avec près de 3 000 m de dénivelé négatif… un vrai plongeons dans la forêt subtropical, et vers le parc national Calilegua.
Enfin l’ultime trésor, qui lui se mérite, le parc national Baritú, enclavé au Nord de la province de Jujuy, mais avec un unique accès par la Bolivie…
Venez vous émerveiller face aux décors surréels du NOA !